Publiée le par bruno berret
Faire du sport ce n'est pas toujours courir après un chronomètre ou réaliser des défis de plus en plus fou. Voici le récit de Pascal, un coureur qui prend aussi le temps d'observer...
Être né dans le nord, avoir vécu en Beauce, en Touraine puis en région parisienne, voilà peut-être pourquoi la montagne m’attire tant. Ainsi lorsque l’ami Bruno annonça prendre une soi-disant retraite en montant un gîte en Ariège et une association sport et nature je m’empressai de prendre ma carte de membre puis de lui rendre visite quelques mois plus tard à la mi-août pour une semaine de rando (ça c’est le côté sport et de découverte botanique (voilà le côté nature).
Un petit périple en voiture depuis la Vendée, autre plat pays, et hop… Bruno était là pour m’accueillir à Perles et me faire visiter son gîte. Belle maison, belles chambres où j’ai dormi comme un bébé, belle vue…un mélange de charme, de simplicité et de quiétude. Après une rapide installation et désaltération il m’invita à la « corvée » d’eau, qui fut une découverte pour moi et un véritable plaisir. Car chez Bruno on ne boit pas l’eau du robinet, non, ni même celle achetée dans le commerce, on va la chercher à une source. Je conseille à tous ceux qui n’ont jamais fait ça de l’accompagner, on est tout de suite dans l’ambiance des montagnes et c’est aussi rafraichissant pour l’esprit que pour le corps.
Après l’arrivée d’Edith et de sa petite fille mon hôte se met en cuisine. Rien à voir avec le Bruno du Tord-boyau de Pierre Perret. Des repas simples mais bons, dans une ambiance familiale, comme à la maison, avec d’excellents produits locaux voir du jardin. Miam !
Perles Sport
Bon, assez parlé tâches ménagères, passons au sport. Bruno m’a concocté un programme randos aux petits oignons, mince je reviens en cuisine ! Un seul bémol, il n’a pas encore appris à commander la météo 😊.
La première rando se fait directement à partir de chez lui pour monter au signal du Chioula (un panoramique) puis au col du même nom. Après un petit brief la veille au soir je pars avec la carte qu’il me prête, oui car je fais ça à l’ancienne où comme dirait certaines mauvaises langues, à la préhistorique. Et me voilà en route pour 24km, avec un dénivelé de 1100m, parsemés de villages typiques, de sous-bois, d’estives, et d’un refuge bienvenu pour une bière et du gâteau.
La deuxième sera prévue plus courte (12km pour 800 de D+) pour cause d’une météo incertaine et brumeuse qui restera malgré tout relativement clémente et bien dégagée en altitude. Elle débute au port de Pailhères, au-dessus des nuages, vers de beaux étangs en passant par une crète d’où on les aperçoit avant de les rejoindre. Ensuite retour au point de départ par un autre col. Encore de très beaux paysages avec ses petits lacs d’altitudes. Comme j’ai du temps de libre j’en profite pour visiter Ax les Thermes et me tremper les pieds dans les bassins chauds avant que la pluie n’arrive.
Le lendemain journée maussade, pas de rando mais visite de Foix après avoir déjeuné d’une truite achetée le matin à la pisciculture.
Le temps est toujours brumeux pour la troisième rando, c’est à quitte ou double et Bruno décide de me voiturer jusqu’au plateau de Beille. Enfin comme plateau j’ai connu plus plat puisque je fais 800m de D+ avant d’attaquer une descente interminable de 1500m. Malheureusement le temps reste couvert et froid là-haut, pas de belle vue à 180° sur les Pyrénées.
Dernière rando sous le signe de l’eau. Pas du ciel heureusement mais sur cette étape elle est quasiment présente à chaque pas que ce soit sous forme d’écoulements, de rus, de ruisseaux, de cascades, de lacs et même de sources chaudes. Pour y aller je monte en voiture à Mérens prendre le train pour L’Hospitalet, en resquillant malgré moi. Le but du jeu sera de rejoindre la gare de Mérens à la force des jambes en passant par le Porteille des Bésines et son refuge propice à une halte collation(encore une bière et un sandwich montagnard). 18km de pur bonheur dans des paysages et une nature très variée, bon avec un petit 1000m de dénivelé car oui tout se mérite.
Perles Nature
Du côté de la faune, on empreinte, dans l’estive au-dessus de Perles, des chemins où sautent des milliers de criquets et se sauvent des centaines de lézards effrayés par le pas des randonneurs. Au col de Pailhères, ce sont des escadrons de bousier volant qui vrombissent autour de vous. En redescendant du plateau de Beille on croise beaucoup de troupeaux : vaches, chevaux, moutons…tiens, il y en a un qui est couché. Bizart, j’espère qu’il n’est pas mort ! Ah non, il bouge, mais ce n’est pas un mouton, c’est un patou qui faisait la sieste et il n’a pas l’air super content d’être réveillé. Zut le chemin passe par le troupeau. En plus en voilà un deuxième ! J’avance prudemment, l’air tranquille même si je ne le suis pas, je leur parle, ça me rassure. Eux grondent puis me reniflent, je les assure que je ne suis pas un loup, je ne mentionne surtout pas que je suis le roi de côte d’agneau grillée. Finalement ils m’accompagnent jusqu’à ce que je traverse le troupeau et me laissent dès que je suis passé, ouf ! Là où il y a de l’eau on croise des petites grenouilles rousses et parfois des poissons et au-dessus du sol volettent des oiseaux dont je ne suis pas un spécialiste.
Du côté de la flore, Bruno m’avait dit « c’est plus trop la saison, le printemps montagnard est passé ». Qu’à cela ne tienne, quand on cherche, on trouve lui ai-je répliqué.
Au pied de la maison pousse une plante sauvage comestible, le pourpier (pas en photos car pas en fleurs), que Bruno vous fera gouter. On y voit aussi des jolis silènes enflés et de la mauve. Dans les prés aux alentours on rencontre des campanules, des knauties et des œillets des chartreux, plantes pas forcement montagnardes qui suivent dans l’ordre ci-dessous.
En grimpant un peu plus haut sur ma première rando j’ai photographié des plantes plus de montagne comme le cirse laineux (un chardon), la joubarbe et la carline une plante baromètre qui ne s’ouvre que par beau temps.
Sur la 2ème rando au col de Pailhères on peut à cette saison se ravitailler en airelles et myrtilles. Peu de différence me direz-vous. Au goût déjà la myrtille est meilleure, son fruit est plus foncé et bien rouge à l’intérieur et ses feuilles sont légèrement dentelées.
Proche de l’eau on croise la belle bleue (mais très toxique) aconit, la prénanthe pourpre, la délicate parnassie des marais et la blanche et plumeuse linaigrette. Plus dans la rocaille poussent les petits silènes des rochers et euphraise des Alpes (oui même si on est dans les Pyrénées). Toutes sont des plantes d’altitude
Sur la dernière rando entre L’Hospitalet et Mérens que d’arrêts photos. Là croissent des fleurs pas forcement d’altitude comme l’orpin de St Jean une plante succulente (ce qui en botanique veut dire « grasse » mais pas forcément très bonne, comme en cuisine), le très épineux cirse des marais, les scabieuses ou les ombelles de l’angélique (oui, celui qu’on confit), et des plus montagnardes comme le délicatement frangé œillet de Montpellier, l’élégante grande astrance, le jaune doré séneçon des Pyrénées (seule plante spécifique de la région que j’ai vu), le bleu pâle laiteron plumier, les verges d’or et des champs de laurier de St Antoine malheureusement en fin de floraison à cette saison.
J’espère que ces lignes mais surtout ces images vous donneront envie de découvrir cette belle région. Allez arpenter ses sentiers, profitez le regard haut de ces magnifiques paysages et n’hésitez pas à vous arrêter, baisser le nez, et voir ce qu’il y a au ras du sol. Pour ma part j’y retournerai une autre saison pour d’autres fleurs c’est certain.